Salzbourg / OM: ce qu’un match de foot peut nous apprendre sur le bonheur

Bonjour à tous,
Hier, alors que j’étais couché, les klaxons se mirent à retentir, les cris à résonner dans les rues autour de chez moi. L’olympique de Marseille est en finale et cela rend heureux beaucoup de monde en ville. Qu’est-ce qu’un match de foot peut nous apprendre en matière de développement personnel ? Commençons par la notion de bonheur.

Avant de commencer j’aimerais déminer le terrain (de foot). Je suis peu sensible au foot en tant que sport, j’aime le beau jeu mais je ne suis aucune équipe ni aucune actualité. Je trouve certaines affaires rendues publiques déplorables et la théâtralisation de certains contacts idiotes. Qu’on soit clairs, je pense la même chose de bien d’autres sports et dans le même temps, je respecte pleinement les sportifs et les supporters. Si vous voulez un article à la gloire de l’OM, passez votre chemin, à la gloire du foot, itou. Par contre, si vous voulez interroger votre propension au bonheur à la lumière de ce match… bienvenue!

Salzbourg / OM : Le bonheur d’une qualification

Les cris de joie, la fête, les coups de klaxon, les rassemblements imprévus… Tout ça est monnaie courante dans une ville qui respire le foot. L’un de mes profs de fac, Christian Bromberger, en a fait un livre très intéressant. J’ai suivi avec plaisir ses cours sur l’ethnologie des passions partisanes et nous sommes totalement là-dedans. Une équipe locale qui gagne, c’est un peu de l’identité de l’individu qui est magnifiée. Après tout, nous sommes tous nés quelque part et cette donnée peut avoir plus d’importance pour certains. Dans certaines familles, être fan d’un club de foot ou de rugby est aussi naturel que d’écouter de la musique dans d’autres. Au final, c’est une douce conjugaison de déterminisme sociaux, d’habitus et de capital culturel qui s’exprime. Est-ce bien ou mal? Je n’en sais rien. Ce que je sais par contre c’est que quand l’identité individuelle et l’identité collective sont impactées, l’effet d’une émotion est décuplé.

Un exemple moins drôle, lors des attaques terroristes, certains hommes politiques expliquent que c’est un mode de vie qui est attaqué, une nation, pas simplement des êtres humains. Cette montée en généralité vise à froisser votre sens de l’identité afin de vous faire réagir, accepter une loi discutable ou simplement vous polariser pour favoriser une idéologie politique ou une autre.

Revenons au foot. L’extériorisation d’un bonheur intense vis à vis d’une performance où on a rien à voir (nous n’étions pas sur la pelouse en train de faire des passes) permet une vision assez intéressante de ce dernier.

Une source, plusieurs réactions

Il y a un éventail de réactions possibles allant de la franche indifférence à « je fais la fête jusqu’à 4h du matin et je le regretterais un peu demain » en passant par « je suis content(e) pour les joueurs ». Au final, ces réactions sont elles aussi des traductions de capitaux culturels. Elles sont, et c’est là que j’aimerais attirer votre attention, des traductions de notre bonheur et de notre rapport à ce dernier.

Certains vont passer une belle journée grâce à cette qualification et c’est tant mieux ! La vie est trop courte et variable pour refuser une belle journée. Pourtant, est-ce une bonne chose que de calquer son humeur aux performances d’une équipe sportive dans laquelle nous n’avons aucun rôle ? En un sens, c’est donner les clefs de son bonheur à des inconnus, feriez-vous cela avec votre maison ?

J’ai eu l’opportunité de fréquenter une personne dont la météo émotionnelle était totalement liée à son club préféré, c’est délicat à vivre. Pourtant, avec une famille heureuse, une carrière qui lui plaisait, un couple épanouissant et une vie sociale, spirituelle et intellectuelle bien remplie, nous aurions pu penser qu’elle aurait eu ce qu’il fallait, sans la brique « passion partisane » rien ne tournait rond.

Du coup, c’est quand le bonheur ?

Le bonheurTout ça pour vous dire que le bonheur semble parfois lié à l’extérieur, mais comment expliquer du coup ce genre d’image?

Ou encore le fait que le développement personnel nous demande toujours de prendre soin de notre bonheur intérieur, comme si ce dernier était une flore intestinale à entretenir ?

Nous sommes dans une société qui promeut l’épanouissement et le bonheur (mais qui met relativement peu de choses en place pour cela). On nous explique sans cesse que le bonheur est très personnel et qu’il est créé par nos soins. Qu’en somme, si nous avons la bonne vie intérieure, nous serons heureux. Que notre bonheur peut être partagé mais que chacun doit créer sa version. Cette dictature du bonheur sur mesure ou souvent mise en opposition avec le bonheur des masses qu’offre un match de foot, une émission de tv ou autre (en général, on atteint le point #despainsetdesjeux à ce moment de la discussion). Mais peut-on dire qu’il n’y a qu’une vérité sur le bonheur ? Et qui sommes-nous pour dire cela ? Même Mathieu Ricard qui y a consacré un livre et qui est considéré comme l’homme le plus heureux du monde ne s’y risque pas.

Je vous propose de conclure sur une question : et si le bonheur n’était qu’en fait une délicate conjugaison d’intrinsèque et d’extrinsèque ? De facteurs intérieurs et extérieurs ? Comment mettriez-vous au point votre recette du bonheur (prenez exemple ici) ?

Bon weekend.

William

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *