Rendez-vous service, devenez un expert de la simplification.

Bonjour à tous,

Durant mes pérégrinations de ces dernières semaines, j’ai eu la joie de sortir de mon écosystème habituel. Nouvelles rencontrent, nouveaux lieux, emploi du temps chargé… Pourtant, j’ai quand même trouvé un point commun à tous les endroits où je me suis rendu : les vrais experts simplifient.

Comment les experts simplifient en un exemple.

Pendant mes études, j’ai eu la joie d’assister à une conférence d’un auteur reconnu internationalement : Howard S. Becker. Ce chercheur de l’école de Chicago a écrit l’un des livres les plus recommandés en sociologie et en ethnologie. Au point qu’il passe parfois avant les pères fondateurs français dans l’enseignement en université ! Son atout ? Une prose simple et claire, des exemples marquants et un ego bien placé.

Retour à la conférence.

Howard Becker est étasunien et comme beaucoup de ses compatriotes, ne parle pas le français. Il a face à lui un public de licence 3 et masters ayant des niveaux d’anglais inégaux et des connaissances sociologiques moins avancées que les siennes.

Pendant les 2 heures qui ont suivi cet homme est parvenu à :

  • Expliquer sa recherche en science de la science (comment nous créons de la science et comment cette création peut générer des biais d’analyse) de manière limpide
  • Faire croire à 300 personnes qu’elles étaient bilingues
  • Faire comprendre des concepts complexes en les définissant de prime abord et en les illustrant
  • Démontrer à la moitié des profs de notre département qu’ils avaient encore un peu de travail sur la prise de parole en public et la vulgarisation.

C’était un plaisir que d’assister à cela. Non pas que j’ai apprécié de voir mes profs embarrassés par la performance de Becker, bon peut-être un peu. J’ai surtout aimé voir un chercheur se mettre au niveau de son audience, ne pas s’imposer comme détenteur du savoir unique et absolu, respecter les questions posées.

J’ai adoré être face à un expert qui soit humble dans son expertise. Pour tout vous dire, j’adore toujours cela.

 

Simplification et crise d’ego.

Si la simplification fait tant sens, pourquoi n’est-elle pas plus courante ?

L’ego.

Tout simplement ce vilain ego qui empêche certains « experts » d’accepter qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être comme eux. Parce qu’ils n’ont pas envie, parce qu’ils n’ont pas le temps, parce qu’ils poursuivent d’autres chemins de connaissance…

La quintessence de cette attitude…

Cette photo :

Ou même face à un public de spécialiste, cette phrase ne veut rien dire. Rien du tout, elle est même néfaste à plusieurs niveaux. La photo a circulé sur les réseaux sociaux accompagnée de mots clefs peu flatteurs. Ce n’est pas pour rien.

 

Nous sommes dans une société du paraitre et parfois, il semble tentant de « prouver » notre maitrise d’un jargon, de concepts et d’un domaine par la sur-complexification. Ça en jette de balancer des phrases longues, indigestes et vides de sens…

Quand nous sommes sur scène, nous avons pour mission de partager nos connaissances, nos expériences et complexifier outre mesure notre propose ne sert à rien. Cela sert juste à apaiser la partie de notre ego qui se demande si nous serons pris au sérieux.

 

Comment simplifier son discours?

La dernière fois, lors d’une formation à la prise de parole en public, j’ai dit «  considérez que vous devez expliquer votre projet/produit comme à un enfant de 4 ans ». Réponse immédiate d’une des personnes présente « on va quand même pas les prendre pour des abrutis ! ». Bonjour à toi biais cognitif. Un enfant de 4 ans n’est pas idiot, il a juste besoin que l’on s’exprime de la bonne manière pour qu’il comprenne.

Il en va de même avec tous les publics, tous les interlocuteurs : ils sont intelligents mais n’ont pas nécessairement le bagage pour vous suivre. Ainsi, si vous êtes vraiment en maitrise de votre sujet, il vous appartient de vous exprimer et de transmettre vos connaissances sur ce dernier de la manière la plus adaptée qui soit.

Il est globalement accepté de parler anglais avec un anglais, italien avec un italien. Pourquoi ne pas prendre le même parti et ne parler « spécialiste » qu’avec les spécialistes et novice (à différents degrés) avec les autres ?

Au final, pour simplifier son discours, je vous propose de :

  • Travailler les nuances de vocabulaire.
  • Proposer des images, des métaphores ou des histoires à la place de concepts souvent inconnus de notre auditoire.
  • Chercher à transmettre plutôt qu’à paraitre.
  • Vous dire que si l’on souhaite vraiment être un expert, il vaut mieux agir comme tel et simplifier son discours.

Bref, en réfléchissant à notre manière de produire et transmettre des connaissances afin de s’assurer de leur bonne compréhension par notre audience.

Ou, comme dirait un prof de fac « en ayant une réflexivité épistémologique sur nos processus transmissif afin de les mettre en adéquation avec notre praxis pédagogique ».

Ou comme dirait un monsieur du marketing « en passant d’un ego driven knowledge transmission system à un audience driven knowledge transmission system en mode purpose first, ego last.»

 

Rendez-vous service, devenez un expert de la simplification.

Bon weekend.

William

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