Les preneurs et les donneurs

Bonjour à tous,

je crois que c’est la première fois que je vais aborder un sujet aussi « meta » comme disent les pnlistes. Je vous explique, suite à 4 années d’implication dans un écosystème d’entrepreneurs et des coachings de dirigeants ayant des équipes de plus en plus fournies, j’ai fini par tirer une tendance systémique qui va vous intéresser. En se focalisant sur un aspect en particulier du comportement d’un professionnel, d’un employé et même d’un dirigeant, il devient plus aisé de travailler ou non avec cette personne.

C’est l’histoire d’un bocal de bonbons

Cette métaphore est très utilisés dans le domaine du collaboratif, de l’entraide et de l’innovation.

Imaginez un bocal de bonbons, si tout le monde prend des bonbons, très rapidement, il sera vide. Mais si chaque personne qui prend, met également de nouveaux bonbons, non seulement le bocal reste toujours plein mais en plus, la variété augmente et encore plus de personnes pourront trouver leur bonheur (ou au moins un bonbon à leur gout).

C’est sur cette notion d’équilibre, de réciprocité et de partage que beaucoup se basent pour chercher à développer un cercle vertueux dans leur domaine de prédilection. Je trouve l’image belle, très vraie et surtout terriblement efficace. J’admets sans honte l’utiliser moi aussi assez régulièrement pour expliquer l’utilité de faire un pas de côté pour analyser son comportement dans un système de représentation plus large.En passant de « moi et mes actions » à « moi, mes actions et leur contexte », on peut arriver à de très bons résultats.

Dans tous les cas cette image se base sur 2 comportements : prendre et donner et ce sont eux qui vont nous intéresser.

 

2 comportements pour les gouverner tous?

Précaution oratoire élémentaire: Nous ne sommes pas (tout) binaires et ne pouvons être résumés à ces deux comportements MAIS ils permettent de voir rapidement à qui nous parlons.

Prendre définition (l’une d’elles en tout cas) : enlever, soustraire. Dans notre cas, une personne qui sera affairiste, trop orienté vers son auto promo sera en train de prendre

Donner définition (l’une d’elles en tout cas) : remettre, transmettre, offrir, fournir sans rien en retour. Dans notre cas, une personne qui va créer une valeur ajoutée pour un groupement de personnes ( un atelier, une conférence…) sera en train de donner.

Ces deux définitions portent à penser que nous sommes soit l’un, soit l’autre. Tout comme a dimension « orientation » dans le modèle d’apter il s’agit d’un facteur parmi d’autres à relativiser.

Continuons le raisonnement. Selon les phases de notre vie, nous prenons ou nous donnons, nous prenons du temps puis nous en donnons… et il y a un équilibre qui peut se créer voire, une certaine poésie. Le temps que nous avons pris à nos parents afin d’être nourris, éduqués(…), nous le donnerons à nos enfants par exemple.

Cependant, dans la vie professionnelle, cet équilibre est assez précaire. Car ce qui se régule naturellement au sein d’une famille (seul exemple de la main invisible de Keynes, mais c’est un autre sujet) devient plus délicat à gérer dans une équipe, dans une association ou dans un écosystème entrepreneurial. Je ne vous apprends rien en vous disant que la dimension professionnelle révèle parfois des aspects très significatifs de la personnalité des gens.

Deux exemples :

  • via ses actes une personne cherche à promouvoir son activité même quand ce n’est pas nécessairement le bon moment, elle cherche en outre à faire valoir ses compétences et son palmarès en permanence … Il y a de bonnes chances pour que nous soyons face à un « preneur ».
  • Une personne mets une charge d’énergie énorme à animer, fédérer et réguler une communauté en ligne sans en tirer un autre bénéfice que des remerciements. Nous sommes face à un « donneur ».

Avec ces deux exemples, assez grossiers je vous l’accorde, on pourrait rapidement devenir manichéen et décider qu’un personne prend ou donne de manière constante, c’est bien entendu faux. Tout est, comme souvent, circonstanciel.

Que faire avec les preneurs et les donneurs?

Parce qu’au final c’est ce qui compte, comment travailler aux mieux avec ces comportements sachant que nous les avons nous aussi ?  Comme souvent questionner sa pratique, puis celle des autres sera très utile, surtout quand on souhaite s’intégrer à un système existant (entreprise, écosystème, association, groupe facebook…).

Comme nous avons tous des penchants de ces deux comportements, il devient vite intéressant de chercher un équilibre. Nous avons le droit de prendre, c’est en prenant une chance au vol que parfois nous atteindrons un objectif spécifique, c’est en donnant le temps à une personne de s’exprimer pleinement que nous pourrons lui permettre de se trouver et de se réaliser… C’est en prenant trop,  en donnant trop que nous risquons quelque chose.

Un exemple simple. Un ami a dernièrement organisé de manière bénévole un gros événement professionnel où il est parvenu à faire venir une sommité. Si toute une équipe était derrière lui, c’est tout de même sur ses épaules qu’est retombé le gros du travail. L’événement s’est excessivement bien déroulé et il a fini félicité. Il est dans une posture de donneur. Il a ensuite demandé une recommandation aux quelques personnes clefs de l’événement afin d’avoir un bénéfice supplémentaire à son action (outre les rencontres, la satisfaction du travail bien fait…). Il est passé en mode preneur (ou orienté  vers soi selon Apter).

Tout ça pour vous dire que les preneurs ne sont pas nécessairement à fuir, vous en êtes un(e) aussi. Ceux qui sont à fuir sont ceux qui ne font que prendre, ceux-là sont des parasites mais c’est un autre débat.

Uniquement prendre dans une domaine ou tout le monde cherche à donner tout en tirant son épingle du jeu, c’est l’équivalent d’être invité à diner chez quelqu’un et rester pour dormir, prendre une douche, le petit déjeuner avant de s’installer devant sa télé et de passer la journée chez lui. Attention, les sur donneurs, sont aussi à surveiller, non pas qu’ils ont un agenda caché (c’est parfois le cas mais bon, laissons leur le bénéfice du doute). Quelqu’un qui donne trop peut aussi se mettre en porte à faux sur différents domaines ( perso, pro…) et c’est un problème. Il nous appartiens de prendre ce qu’on donne mais surtout de ne prendre que ce dont nous avons besoin.

Il nous appartiens de donner ce que nous pouvons donner sans nous mettre en péril, sans le regretter ensuite et surtout sans chercher quoi que ce soit en retour. Du moment où il y a un retour espéré, nous sommes un « preneur masqué ». C’est selon moi assez terrible car sous couvert d’altruisme, en général on se retrouve avec une personne faisant sa promo pendant un atelier ou une conférence. Nous venons apprendre quelque chose et nous repartons avec un sentiment de frustration et des information commerciales dont on ne voulait pas à la base…

 

J’ai dédié 2 années de ma vie à l’organisation des Startup Weekend Aix-Marseille, je retiens beaucoup de choses de cette période mais surtout je retiens un mot d’ordre qui est « give first ». Give first ça veut dire donner, ce qu’on peut, comme on peut, sans attendre de retour. Parce qu’on croit en une cause, parce qu’on croit en une dynamique et parce qu’on en a envie. Il faudra par contre garder la notion d’équilibre en tête.

En 2016, j’ai quitté l’organisation des Startup Weekend pour plusieurs raisons, la plus importante d’entre elle étant mon sentiment que je n’avais plus rien à donner à cet événement, plus de valeur ajoutée. Pour autant, je continue a aider les organisateurs si c’est dans mes capacités et surtout, je cherche à donner en premier par ailleurs.

Et vous ? Donnez-vous ? Prenez-vous ?

Bon weekend

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